Da Titcha est un rappeur atypique et combatif qui a su avec son crew se faire peu à peu une place sur la scène rennaise. Positif et dynamique, il a avant tout trouvé dans le rap une forme d’exutoire et un moyen d’échange et de partage. Passionné par la culture hip-hop dans son ensemble, il cherche à recréer une ambiance globale inspirée de l’éthique old-school de ce courant, s’entourant de danseurs, beat boxers, graffeurs… Rencontre avec un acteur musical rennais investit à la plume à la fois légère et aiguisée.
C’est en août 2010 que le projet voit le jour, et dès les débuts rap et danse sont entremêlés : « Je faisais partie d’un collectif de danse, Busters, qui s’est ensuite allié à Witty crew pour donner Buswitt Crew. Je rappais parallèlement à la danse, et j’ai monté ce projet après avoir splitté avec mon ancien groupe. Puis j’ai trouvé mon DJ dans Busters Crew ».
Le projet se monte ensuite très rapidement : « On a monté un set durant l’été 2010 et on a fait notre 1ère scène dès novembre 2010 au Buzz Booster, un tremplin hip-hop, où on est arrivés 2èmes mais qu’on a gagné l’année suivante ».
Les scènes s’enchainent et les succès aussi puisque Da Titcha assure ensuite une cinquantaine de dates à travers la Bretagne, notamment dans de belles salles (Le Liberté, Le Stéréolux, Le Normandy, La Carène…), remporte le Label Mozaïc et le Buzz Booster Bretagne en 2011, et assure entre autre les 1ères parties de Sniper, 1995, La Fouine, Disiz…
Son 1er album, « L’accord parfait » sort en 2011, venant « concrétiser deux ans de travail et de scènes. […] Je l’ai enregistré au passage à niveau avec Damien et Seb, et il est auto-produit donc voilà je vais manger des lentilles pendant au moins un an ! » (rires) « Je l’ai notamment envoyé à pas mal de programmateurs, journalistes… et la réception est plutôt bonne».
Mais au fait pourquoi ce blaze, Da Titcha ? « C’est mes potes qui m’appellent le prof, c’est une transcription phonétique de ‘The teacher’, et j’aime bien le parallèle avec Krs-One qui est un rappeur old-school fondamental de la culture hip-hop et qui se faisait aussi surnommer comme ça. Moi c’est par rapport à ma profession ».
D’un naturel ouvert et curieux, le rappeur revendique des influences variées : « Je fais du rap parce que la première fois que j’en ai entendu ça m’a vraiment touché, c’est vraiment une histoire de ressenti, mais sinon j’écoute de tout, de la musique orientale, du jazz, de la black music, du funk, de la soul… et tout ça se ressent dans mes instrus […] sinon j’aime bien les rappeurs qui ont vraiment une personnalité, que ce soit rythmique, c’est à dire le flow, où une vraie plume, donc une véritable originalité sur la forme où sur le fond ».
Da Titcha ne se sent pas l’âme d’un rappeur ouvertement engagé qui chercherait à faire passer tel ou tel message politique, il cherche plutôt dans le rap un exécutoire et un moyen d’échanger avec les gens, de transmettre des ondes positives : « Il n’y pas forcément de message à faire passer, après je suis quelqu’un de positif, donc il y a un esprit un peu festif, déconne, mon phrasé est basé sur l’humour et le second degré ».
En termes de public Da Titcha souhaite s’adresser à tous et ne pas se limiter à une conception puriste du rap : « Au départ on m’a conseillé de m’adresser à un public précis, mais moi je fais de la musique parce que je kiffe ça et parce que ça apporte un équilibre dans ma vie. A un moment je cherchais une certaine reconnaissance de mes pairs au niveau du rap rennais etc, je ne l’ai pas forcément et je m’en fous un peu en fait, les gens qui aiment bien viennent à mes concerts et ils m’apprécient et ça me suffit […] le public ça peut être un breakeur comme des gens qui ont trois gamins… Je touche des gens très variés. Après si un puriste rap me dit ‘franchement c’est bien ce que tu fais’, ça me fera super plaisir, mais ça me fera autant plaisir qu’une personne qui vient du rock ou qui fait de l’electro et qui vient me dire ‘je respecte ce que tu fais’, parce qu’avant tout pour moi je fais de la musique, pas du rap, mais de la musique ».
Sur scène tu t’entoures de toute une équipe et notamment de danseurs c’est bien ça ? « Da Titcha c’est mon pseudo mais c’est aussi un groupe, un entourage, un posse quoi, et comme je viens d’un groupe de danse à la base je connais des breakers, des danseurs debout, newstyle, popping, locking… et du coup dans les concerts la plupart du temps je fais interagir les différents acteurs hiphop et donc des danseurs, et j’ai des potes beatboxers aussi qui viennent, et on forme un crew. A la base on est deux, le DJ et moi, mais quand on est en formation complète, on est une dizaine, et c’est ça qui est cool parce que ça part en bloc party ! […] Mais j’arrive à gérer une scène avec ou sans mes danseurs, après mes danseurs c’est vrai que ça donne une dimension autre et ça me fais kiffer parce que c’est comme ça que je vois le hip-hop, je fais pas du rap mais du hip-hop ».
Avide de nouvelles expériences, Da Titcha multiplie également les projets originaux : « J’ai fait un atelier rap au lycée Jean Jaurès, ça a vachement bien marché, j’ai travaillé sur un semestre avec des élèves de CAP et on a écrit un morceau. J’ai aussi travaillé au collège Dolto à Pacé, et pareil j’ai écrit un morceau avec eux et ils l’ont présenté au Ponant le 11 juin dernier, et j’ai aussi fait un débat sur l’écriture rap avec Casey […] en termes de scène sinon j’ai participé à un projet original pour Viva’Cités à l’Etage du Liberté qui mêlait musique bretonne et rap, c’était cool ! ».
Sinon à Rennes y a-t-il des artistes que tu soutiens, que tu souhaites faire découvrir aux internautes ? « En rap j’aime bien Artisanal, c’est des mecs coolos qui ont à peu près le même délire que moi au niveau de la base des instrus et ils sont sympas, avec Tikro, Keev et Soni, sinon y a Aiwa, un groupe électro-rap, le groupe de pop/rock Eden Lights, et Reta Rock qui danse avec moi mais rap également de son côté ».
Sinon tu joues à Rennes vendredi 28 juin à l’UBU c’est bien ça ? Peux-tu décrire un peu le concept de cette soirée « PROJET D » ? « C’est une grosse fête des lycées pour fêter entre autres la fin du bac, et y a une miss qui faut vraiment mettre en avant, c’est Chloé Quintin, qui est de Descartes, là où j’enseigne, qui a préparé cette soirée-là et vraiment fait un gros travail dessus, et voilà comme les gens du lycée soutiennent mon projet j’avais envie de participer et de faire plaisir aux gens qui m’apprécient et me suivent ». La soirée a donc pris le nom de « PROJET D » en référence à la fois à Projet X et à Da Titcha. L’entrée est à 7€ en prévente auprès des organisateurs ou au même tarif sur place dans la limite des places restantes.
Mot de la fin ? « Si vous avez une passion, vivez-là à fond ! »
Retrouvez également Da Titcha sur scène :
-le 29 juin au Festival Zone’Art à Vern-sur-Seiche, avec Kenyon.
-le 17 juillet pour Quartiers d’Eté à Rennes en 1ère partie de Youssoupha.