Rencontre avec 6 Am On The Moon

66434_280412618756366_1509115057_nEn ce début de soirée orageuse et apocalyptique je m’apprête à rejoindre Richie, rencontre hasardeuse fruit des méandres des soirées rennaises, pour une interview dans l’appartement qu’il partage en centre-ville avec Émilien, collègue avec lequel il forme le noyau dur du projet 6 Am On The Moon. Monté en 2011, ce jeune groupe rennais se compose de quatre double-décénistes ambitieux, musiciens déjà expérimentés, dont trois des membres sont présents ce soir. Réfugiée enfin au sec dans l’antre du groupe, soit un agréable salon rempli de gens aux mines fort sympathiques, je fais connaissance avec Émilien (machiniste) et Maxime (batteur), entourés de proches amis à eux. Confortablement assise dans un grand fauteuil moelleux tandis que Zeus ne décolère pas au dehors, les premiers échanges se font dans une chaleureuse ambiance d’apéro breton. Richie ; chanteur, bassiste, et leader incontesté et incontestable du groupe, se prête alors au jeu de l’interview, qui sera souvent ponctuée des pastiches et ricanements amicaux de ses congénères au sens critique bien aiguisé… Rencontre avec un quatuor peu banal, les pieds sur terre et la tête dans la lune.

-Tout d’abord comment ce projet musical est-il né et quelle volonté de départ l’a animé ?

Richie : Nos rencontres ont toutes été le fruit d’un heureux hasard à chaque fois, comme souvent dans la vie ! Le groupe est né de plusieurs projets différents, Émilien est dj à côté dans le collectif Bocal Records, moi j’étais dans un autre groupe avant, les West Indies Desire, avec lequel on a tourné pendant pas mal de temps, ce qui m’a permis d’acquérir une certaine expérience, puis on s’est trouvés et on a eu envie de faire de la musique ensemble, et voilà, c’est né comme ça.

Emilien : En fait on a commencé à bosser deux morceaux sur Mac, histoire d’avoir une base de ce vers quoi on voulait aller, puis après ça a évolué au fur et à mesure et là on commence vraiment à arriver à ce qu’on veut…

Richie : A notre style, à notre patte. Ce qui est bien c’est que lors de nos concerts en général les gens n’arrivent pas à définir notre style, ils disent que les beats sont un peu hiphop, la voix un peu soul mais avec un côté Robert Smith, y a le côté électro… et ça, ça forme notre trame, c’est notre tissu sonore, bien à nous, et je suis très content d’avoir ça.  A la base moi je voulais plutôt monter un groupe de post-punk/coldwave-electro, et finalement on n’est pas du tout arrivé à ça mais ça me plait ! Pour te donner une idée, nos influences, ça va de Sébastian Tellier à Siouxsie and the Banshees, et de Siouxie à Burial. Il y a une base rock, ça c’est sûr, mais après c’est mâtiné de pop, de tout un tas de choses… on écoute pas mal de trucs différents mais je pense qu’on a vraiment fait le travail de bien digérer nos influences. Et c’est pour ça que d’ailleurs je veux pas trop parler des influences parce qu’après sinon les gens s’attendent trop à entendre telle ou telle chose dans tes morceaux et ils ne restent pas ouverts.

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(Richie)

-Quelles sont vos réalisations jusqu’à présent et vos projets à venir en termes d’enregistrements ?

Richie : On a déjà enregistré deux morceaux avec un professionnel qui s’appelle Marlon Soufflet, qui sont disponibles sur Internet. Et là en ce moment on enregistre un nouvel EP 2 titres éponyme, de nouveau avec lui, qui sera destiné à la fois aux professionnels et disponible à la vente lors de nos concerts. Là il est actuellement en post-prod et il sortira en septembre prochain, et pour l’occasion on fera une grosse release party à Rennes avec les groupes Tabloïd et Dead.

-Y a t-il une équipe fixe autour de vous qui vous encadre et vous suit?

Richie : Non, pas vraiment, et c’est clair que ça manque un peu, mais on tiens à bosser avec des gens avec qui le contact et le feeling passent direct sur le plan humain, et il faut les trouver…

Maxime : Et surtout avec lesquels les plans se font, parce que dans ce milieu ça promet souvent des supers trucs, ça à l’air génial, et au final…

Richie : Pour l’instant on a juste un manager, Timothée, qui chapeaute un peu le tout, et une graphiste qui réalise l’Artwork de l’EP et conceptualisera nos futures affiches.

-Vous n’avez pas encore de clip disponible sur internet, avez-vous des projets à venir de ce côté-là ?

Ben là déjà il y a un teaser qui va sortir, fait par nous-mêmes, enfin par Nico, le grateux du groupe, qui a des compétences en audiovisuel. On a été à St Malo faire deux morceaux, un sur les rochers près de la mer et un autre dans un piano bar, il a tous les rushs donc il va monter tout ça, et ça devrait sortir bientôt. C’est fait un peu avec les moyens du bord, parce qu’au début ça devait être filmé par Aurélien Courtais du collectif Young & New Art, mais malheureusement il était malade à crever ce jour-là…

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-Quelle est votre expérience en termes de concerts depuis les débuts du groupe ?

Le 1er concert s’était pour l’Esmod à la Halle Martenot, ensuite on a enchainé pas mal de dates à Rennes, puis quand Timothée, notre manager, a rejoint l’équipe, là ça a commencé à plus bouger, à prendre du corps. Du coup on a joué au Pop’In à Paris, à l’Infrared à Orléans, en off du Printemps de Bourges… On a du faire 15/20 concerts pour l’instant. On a fait pas mal de petits plans un peu galère et d’autres cools. En tout cas chaque fois on essaie de jouer dans des endroits vraiment corrects, avec des conditions optimales, mais bon, rien ne se fait du jour au lendemain… donc c’est normal, on passe par là. Nous on trouve trois intérêts aux concerts, de un avoir du public et partager notre message lunaire, de deux ne pas y aller à perte et gagner un peu de sous, et de trois l’expérience scénique, ça forge, il faut jouer et jouer et moi je suis un peu celui dans le groupe qui dit « on accepte les concerts », parce que ça nous arrive de refuser des dates, et moi ça me frustre à chaque fois, parce que je me dis chaque date est une nouvelle expérience. Sinon à titre personnel Émilien a déjà joué à l’UBU, à l’Antipode… et moi avec les West Indies Desire j’ai fait toutes les salles de Rennes sauf l’Antipode. Donc c’est faisable. Mais faut avoir les bons contacts, et surtout ne pas laisser le train filer, parce qu’on sait jamais, tu vas à un concert, tu rencontres quelqu’un et tu sais pas ce qu’il peut t’apporter, et si ça se trouve le mec t’auras été méchant où il t’aura demandé une clope t’auras répondu « casse-toi connard », et en fait c’était un admirateur et un mec qui voulait te produire et il t’a trouvé con… du coup on essaie d’être toujours un peu aux aguets, pas opportunistes, mais juste de savoir saisir les opportunités. Comme disait le célèbre philosophe Booba, « j’attends pas qu’ça tombe du ciel » ! (rires) Et on écoute beaucoup les critiques aussi, moi par exemple j’adore après les concerts aller discuter avec l’auditeur lambda, qui n’écoute pas forcément ce genre de musique d’habitude, savoir ce qu’il en a pensé, si ça l’a touché ou non, quoi, pourquoi…

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-Dans cette optique est-ce que justement vous cherchez plus à vous adresser à la masse ou à une élite spécifique ?

Richie : Déjà quand on compose on pense pas au public dès le début, ça vient après, vers la fin, on compose pour nous d’abord, donc il faut que ça nous plaise, qu’il y ait vraiment un consensus, nos morceaux on les construit à l’unanimité, s’il y en a un qui n’adhère pas on jarte. Puis après, quand on réfléchit au public, on se dit qu’il faut aller chercher les gens, le néophyte, le type qui n’a jamais écouté dans sa vie qu’NRJ ou Skyrock, faut aller le chercher lui aussi, et lui parler. Et pour ça faut prendre le temps de faire des choses simples, et faire des choses simples, c’est pas du tout facile, parce que dans la frénésie chacun veux en mettre partout. C’est en ça que penser au public c’est intéressant parce que ça nous cadre à la fin de la construction d’un morceau pour éviter d’être trop prétentieux. Parce que la musique c’est un vecteur de partage,  d’émotions, de sensations, d’expérience, de voyage, c’est lunaire, il y a quelque chose de cosmique là dedans, et donc si on veut partager ça avec les gens il faut qu’on puisse parler un langage qu’ils comprennent aussi, on peut pas se permettre d’être élitistes. Parfois on a composé des trucs et on s’est dit après coup mais non, ça ça nous plait à nous mais ça parlera pas au public, donc on s’auto-censure, sinon c’est pas généreux, ça ne parle qu’à une petite élite. Y a rien de pire qu’aller voir des zikos qui jouent entre eux et pour eux sur scène. Faut faire un compromis et pas oublier que sans public, il n’y a pas de musiciens ! C’est donnant-donnant.

-Etes-vous attachés avec le groupe à une certaine éthique indépendante, Do It Youself ?

Oui complètement, on est très attaché à l’aspect indépendant, au Do it yourself, on bricole, on veut pas du tout se mettre sous le joug de quelqu’un à moins qu’on rencontre vraiment la bonne personne avec qui on partagera tout un ensemble de valeurs. Aujourd’hui on sait très bien que beaucoup de labels sont là pour faire du fric sur le dos des artistes, faut pas se leurrer, on entend beaucoup de médiocrité sonores de parvenus, toute la journée à la radio et à la télé, l’industrie de la musique s’est prostituée là, moi je trouve que ce qu’ils en ont fait c’est vraiment quelque chose d’incroyable, qui désacralise l’art… et le pire est que beaucoup y croient, chez une major. Bon après évidemment le jour où t’as Sony qui vient te voir, ou Universal, et que tu arrives à rester intègre en tant qu’artiste c’est que tu es un champion…Mais nous n’en sommes pas là…. Nous d’ailleurs on avait eu des propositions avec mon ancien groupe, mais on a dit non parce que nos mères voulaient qu’on finisse nos études ! L’instinct maternel reprend toujours le dessus ! (rires)

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-Est-ce que vous pouvez chacun présenter un peu votre parcours personnel et expliquer comment vous envisagez de concilier vos projets professionnels et musicaux dans les années à venir?

Richie : Donc déjà on a tous entre 21 et 24 ans, mais après chacun a sa propre vision des choses donc je vais laisser chacun s’exprimer…

Maxime : moi oui ça bouscule un peu mes plans de BTS tourisme,  parce qu’une fois qu’on a gouté à ce milieu-là c’est dur de s’en détacher je trouve, mais pour moi percer professionnellement dans la musique ce serait ultra chouette, l’idéal clairement.

Emilien : Moi j’ai différents projets, je travaille dans la frite notamment, c’est une passion (rires), et je suis à la fois dans Bocal records et 6 am. J’aimerai vraiment percer avec l’un des deux projets au moins, et les deux ensemble ça serait le must, donc ma priorité c’est clairement la musique.

Richie : Moi je travaillais avant comme livreur de pizza, étudiant aussi, et la musique pour moi c’est une emmerdeuse dont je peux pas me passer parce que franchement ça a niqué mes études. Avant j’ai fait du droit, enfin j’ai essayé de faire du droit pour plaire à maman, mais j’ai redoublé à cause de la musique parce que c’était l’année où on préparait les Transmusicales avec mon ancien groupe, ça prenait énormément de temps et c’était ma source de revenu principale en fait. J’ai fini par avoir mon année, mais j’ai décidé d’arrêter le droit parce que c’était incompatible avec la musique. Ce qui est con c’est qu’après j’ai entamé un double cursus anglais/lettres modernes, donc en termes d’investissement ça revient au même que le droit… Puis je travaillais à côté… enfin bref, maintenant je bosse plus mais je m’investis à fond dans la musique, c’est une passion et moi personnellement je voudrais en vivre, c’est mon idéal avec un grand I, et l’idéal avec un petit i ce serait journaliste, écrivain…

Et Nico c’est le rockeur dentiste ! (rires) Il est apprenti en dentaire. Lui il avait un groupe avant à Caen, et la musique lui a beaucoup coûté, d’un point de vue amical et affectif, donc du coup il a pas le même point de vue sur la musique que nous, parce que lui en quelque sorte ça lui fait mal d’être dans un groupe, parce qu’il sait qu’il peut pas s’en passer, mais en même temps il veut être dentiste et dans 2 ans il le sera et il vivra de ça, et la musique ça sera plus qu’une passion ou un doux souvenir d’adulescence…

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(Nico)

-Est-ce qu’il y a des groupes sur Rennes que vous soutenez ou respectez en particulier ? Et est-ce que vous suivez l’actualité musicale avec attention?

Richie : Le groupe est assez unanime pour dire que sur Rennes dans les groupes d’environ notre âge, on respecte beaucoup les Popopopops pour leur travail, leur créativité, même si tout ce qu’ils font ne nous touche pas forcément, mais il faut reconnaitre leur talent, Juveniles aussi, O’Safari, Dead, Heart Break Hotel… Je pense que c’est constructif d’écouter les autres parce qu’on se rend compte que de toute manière on est jamais tout seul, on s’inscrit dans une société, dans une acculturation, dans quelque chose qui nous dépasse, donc forcément quoiqu’on fasse on est le produit du monde dans lequel on vit, du coup c’est bien de ce dire « ah bah tiens eux ils font ça, ça serait peut-être intéressant que je refasse pas la même chose ». Parce qu’à un moment donné il y a des liens qui se croisent et les esprits se rencontrent, et inconsciemment on converge tous vers l’influence mutuelle. Donc c’est vraiment intéressant d’écouter les autres groupes mais pour faire le chemin inverse. Du coup face à ça, en un mot, notre credo c’est l’originalité.

-Comment définiriez-vous votre style justement par rapport à tout ça?

On cherche à faire quelque chose qui soit pas du commun, du déjà vu. Ça sert à rien de faire du sous-Foals, ou du sous-Led Zep, ou du sous-Cure… ça a déjà été fait. Donc faut prendre un peu de ce qui a été fait et faire converger tout ça vers quelque chose qui soit neuf, et tu te dis là j’ai trouvé ma patte là-dedans, mon empreinte. Nous par exemple pour les batteries on va emprunter au hiphop, au math-rock, au niveau des basses et du chant moi j’emprunte beaucoup à Robert Smith et Siouxsie and the Banshies, au niveau des guitares on emprunte un peu à Foals, au niveau des synthés, de l’ambiance, des rythmes on emprunte pas mal à French Fries et Burial… Mais chaque fois qu’on se dit tiens « ça fait trop comme », on arrête tout de suite et on cherche là où nous on se place par rapport à tout ça.

On se définissait à la base comme electro-indie-rock, mais bon y a aussi des influences cold-wave, la forme couplet/refrain assez traditionnelle rappelle la Pop… donc au final on a baptisé ça de la Moon Wave, c’est aux gens de définir comme ils veulent, on n’est pas dans la catégorisation. On n’arrive pas à trouver un terme qui englobe tout ça.

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(Emilien)

-Qu’est ce que vous cherchez à transmettre sur scène ?

Richie : Ce qu’on veut partager déjà c’est notre message musical, notre façon de concevoir la musique, et puis faire danser les gens, les filles aussi (rires), transmettre une joie de vivre, et dire que c’est dans les moments sombres et ténébreux qu’on va faire les choses les plus lumineuses, et il faut savoir se nourrir de ça, c’est pour ça qu’au début du morceau Gloomy Love je commence par « L’obscurité est propice à l’art » parce que c’est se nourrir de toutes nos expériences dures, de ce qui est sombre, même de ses peurs, pour pouvoir créer quelque chose qui va transcender ça. Mais on n’oublie pas d’où on vient. On sait qu’on a tous eu des expériences difficiles etc, et on peut pas faire de la musique qui transpire la joie de vivre parce que ça serait se mentir à soi-même. On veut être dans le vrai, les pieds cramponnés à la dure réalité et la tête dans la lune, quelque part entre les deux, cerf-volant !

-C’est donc toi Richie qui écris tous les les textes ?

Richie : C’est moi majoritairement, mais je ne suis pas contre la coécriture. On a co-écrit 2 morceaux avec Nico, mais au final c’est plus simple que j’écrive tout seul. Déjà pour se rencontrer avec nos emplois du temps c’est compliqué, et moi je le fais un peu plus facilement, je veux pas paraitre prétentieux ou quoi, mais c’est mon dada si tu veux,  l’écriture… du coup ça vient plus naturellement, donc bon autant laisser le naturel faire les choses.

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-Est-ce qu’il a des thématiques prégnantes dans les textes ? Un message particulier, politique ou autre ?

Richie : On veut pas être politiques à la base, mais de toute façon tout nos actes sont politiques dans la vie, choisir de travailler dans un journal plutôt que dans un autre… enfin tout ce qu’on fait, donc oui il y a un message politique, mais c’est pas celui qui est probant et qui va dominer la création. Dans les morceaux on parle beaucoup d’amour, de relations qui vont mal… Par exemple le morceau Nemesis raconte l’histoire du mariage d’un couple, et au moment de la célébration, le frère demande à son témoin de faire un discours, sauf qu’il vient avec son groupe sur scène et là il raconte sa propre histoire, et le fait qu’il ne peut pas s’empêcher de battre sa femme malgré le fait qu’il l’aime, qu’il l’adore, ça lui fait mal, mais il peut pas faire autrement. Ou Honey Mood c’est l’histoire d’un couple qui vient de se marier et les époux se rendent compte au moment de consommer le mariage qu’en fait c’est un mariage arrangé et qu’ils ne s’aiment pas du tout. Mais après ça dépend des morceaux, ça reste varié. Actuellement on est en train de composer un morceau qui s’appelle Omega et qui sera ultra dansant, dans la thématique du fait qu’on avance tous vers la fin et qu’on va tous crever !

Emilien : ça c’est un message d’espoir ! (rires)

Richie : En tout cas pour l’instant on a 10 morceaux dont l’intro, Omega en composition… pour la rentrée on devrait arriver à 12/13 titres normalement.

-Le mot de la fin ?

Richie : Devenez qui vous êtes ! Et ne laissez personne vous faire croire que vous ne valez pas ce que vous voulez ! (rires)

Emilien : Arrêtez la beuh ! (rires)

Richie : Arrêtez la mode ! (rires)

Retrouvez 6 am on the moon prochainement sur scène :

-vend. 21 juin : Fête de la Musique, La Cave, ST BRIEUC

-sam. 7 : Festival en Résonance, ST BRICE EN COGLES (35)

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Author: rennesacoupdecoeur

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