Vendredi soir, deuxième round pour l’Amour du Lointain au Marquis de Sade avec TOPS tout droit venu de Montréal. Une pop enivrante qui caresse les oreilles, ça te fera le plus grand bien après le weekend des Trans que tu viens sûrement de passer, en tout cas nous oui !
Salut Pierre ! Ca fait pas mal de temps qu’on te voit vadrouiller entre les différentes scènes rennaises (et plus loin !), derrière la billeterie, derrière ta guitare ou même en plein milieu du dancefloor … Tu peux nous parler un peu de ton parcours dans la musique depuis ces dernières années?
J’ai un peu lâché le songwriting intensif, comme je l’ai pratiqué pendant pas mal d’années avecBumble Bees, Panoplie et Junksters, mes différentes formations rennaises qui n’ont pas laissé beaucoup de traces dans la paysage musical local je pense. J’ai toujours fonctionné en indépendant et en souterrain, dans l’univers des petits débrouillards de la musique. Je n’ai jamais sérieusement envisagé de faire ma vie dans la musique mais la passion m’a amené à passer beaucoup de temps à répéter, à jouer, à organiser des concerts pour d’autres groupes. J’écris encore bien deux trois ritournelles de temps en temps. J’ai même eu un beau projet emo-pop l’année dernière, Flirt, qui a avorté pour d’obscures raisons. Et Plancton, un groupe absurde avec Théo de Pocket Burger (rencontre ici, ndlr), qui n’a fait qu’une répétition. Mais en tous cas, finies les tournées et les répétitions sans fin. Je reste un grand consommateur de concerts, de festivals, enfin ceux qui m’intéressent. J’aime suivre les nouvelles propositions, les nouvelles assos qui se bougent, à Rennes et ailleurs, pour faire jouer des groupes qu’ils aiment avec les moyens du bord. Question dancefloor, je me suis bien défoulé à quelques soirées Midi Deux, Etre Assis ou Danser et au Doin it Festival (festival de hip hop à Rennes tous les ans, à suivre!). Sinon j’ai récemment participé à un super fanzine sur des groupes de filles plutôt post punk 80’s, Making Waves (dans le 3ème numéro, pour lequel y’aura une soirée de lancement à Rennes bientôt).
On t’a connu très investi dans le Twist Komintern, qui organise régulièrement des concerts sur Rennes et les fameuses Apparat Chic, le Twist c’est fini pour toi ?
Ouais, c’est fini. J’ai quitté l’asso il y a 2 ans environ. A la base, je me suis naturellement retrouvé dans le projet car les membres fondateurs, dont je suis, étaient presque tous des potes. On faisait de la musique ensemble. Pourtant, le crédo musical du TK (rétroïde, garage, soul et cie) n’a jamais étais vraiment ma came. Je suis davantage ce qu’on pourrait appelé un indie-kid, même si je suis plus vraiment un kid… Je suis plus Primavera que Cosmic Trip, plus Saint Malo que Binic, si tu vois ce que je veux dire. Dans le Twist Komintern, je faisais surtout la bouffe pour les groupes, l’affichage de rue pour les évènements (ça se fait plus trop ça je crois, avec facebook, c’est dommage d’ailleurs, j’aimais bien). Et bien sûr, je me décrochais la nuque tous les derniers vendredi du mois au Sambre, parce que j’adore danser. Mais faut croire que je me suis lassé de la rétromania. C’était beaucoup de temps, et les groupes que le Twist faisait jouer ne m’excitaient plus tellement, s’ils m’ont jamais excité d’ailleurs… Du coup, on me voit un peu moins aux ACP, où mes talents de danseurs faisaient pourtant fureur.
Rassure toi, tes pas de danse font toujours autant fureur ! De là t’est venue l’envie de créer L’Amour du Lointain, tu peux nous parler un peu du concept ?
Après l’expérience de faire partie d’une asso de programmation de concert, j’étais mordu. Donc j’ai voulu lancer mon propre projet, avec des groupes qui me branchent vraiment dette fois. Comme j’ai toujours adoré et suivi la scène pop rock britannique, avec L’Amour du Lointain, je m’improvise tourneur de petits groupes anglais, et je les fait jouer avec des premières parties locales, parce que les soirées avec un seul concert, c’est moins fun, et y’a quand même quelques (rares) groupes fançais qui valent le coup… Au lycée, mes potes écoutaient Nirvana, Korn et Ska-P (beeeuuurk) quand j’étais plus branché par des groupes comme Blur ou Pulp (pas Oasis, trop lourdeau). Aujourd’hui, mon amour pour la scène anglaise n’a pas diminué, et j’épluche les pages ‘Radar’ du NME (New Musical Express, l’équivalent anglais des Inrocks en France, mais avec des supers groupes dedans), à la recherche des nouvelles pépites que nous offrent la divine Albion. Après je contacte les groupes, et je m’engage à leur trouver 3/4 dates en France (dans le Grand Ouest essentiellement), pour qu’ils puissent s’y retrouver niveau thune. Parce que l’Eurotunnel, c’est pas donné quand même! Côté visuel, c’est Corentine de Super Crayon qui assure la charte graphique des évènements, toujours la même, bien reconnaissable de par son côté minimaliste et charmant. Y’aura d’ailleurs une nouvelle surprise merchandising à chaque concert autour de cet univers visuel ! Je n’en dis pas plus…
Pour ta première soirée tu as accueilli Joey Fourr, avec plusieurs dates à Paris et en Bretagne, comment s’est passée cette première édition de L’Amour du Lointain ?
Plutôt bien, si je n’avais pas crevé le pneu gauche de la vieille Skoda des anglais en ramenant la batterie à Nantes. C’était la deuxième date de Joey Fourr, des quatre que je leur avait trouvé, à Paris, Nantes, Rennes et à Brest. Conduire de nuit et sous la pluie avec le volant à droite. Pas une bonne idée. Mais musicalement, c’était génial! De la super pop inventive et bien remuante. Joey et ses acolytes étaient super contents de faire entendre leur son par chez nous. Et le public s’est pointé, à part à Nantes (soirée de m… décidément), bien qu’ils ne connaissaient pas forcément le groupe. A Brest, le public était nombreux et l’ambiance chaude comme tout! Je suis donc très content de cette première série de concerts, même si je peux te dire que c’était une sacrée organisation! Quand personne ne te connait et que tu n’es pas grosse structure, que les groupes eux même n’ont pas forcément de label, de tourneur, c’est chaud de convaincre les promoteurs, les patrons de bars. Mais avec de la patience, de la persévérance et surtout de la passion, on y arrive 🙂
Même si c’est pas un groupe anglais, je les adore! Ils sont de Montreal, qui est selon moi, LE nouveau vivier de groupes géniaux et ultra-créatifs. TOPS, c’est 2 filles et 2 garçons qui tricotent de la belle pop soyeuse et rêveuse. Leur dernier album, Picture you Staring est sorti sur l’excellent label Arbutus (Grimes, Sean Nicholas Savage,…), ce qui est un bon indicateur de la qualité des compositions, qui font baver n’importe quel songwriter qui aime les voix de filles – comme moi!-. Il a été classé parmi les meilleurs disques de l’années par Diabologum et Gorilla vs Bear, qui sont des blogs de référence pour les amateurs d’indie-pop moderne. Ce qui est chouette avec cette date (unique pour le coup et à Rennes, je les fait pas tourner ailleurs comme avec les autres groupes, les petits anglais), c’est que ça va mettre un coup de projecteur sur L’Amour du Lointain dans la mesure où TOPS est plus connu que n’importe quel autre groupe que je ferais jouer dans les mois qui suivront. Je connais des gens qui vont venir de Paris parce qu’ils ont fait sold out à L’Espace B, leur seule autre date en France. Après le concert, la plus grande fan rennaise de TOPS que je connaisse réjouira nos oreilles musiciennes avec un dj set, qu’elle m’a annoncé hier comme « synth shoegaze c 86 indie lo fi ». Cool cool… ça sent la bonne soirée, non?
Comme nous aussi on aime bien les exclu(sivités!), on peut avoir quelques indices sur le prochain groupe que tu feras jouer ?
Fin Février, je fais venir les gallois de Luvv (Cardiff), un groupe de post punk tendance goth, Ce sera le concert le plus ‘bourrin’ de l’année, pour ceux qui aiment le cuir et la bagarre. Ils seront accompagnés des gentils punks Parisiens de Skategang et de Baston, plus connu dans nos contrées. Début Mai, j’aurais l’immense plaisir de présenter aux rennais (et aux autres…) les Pheromoans, un groupe de Brighton en Angleterre, qui bricolent une musique complètement indescriptible, jouissive et dépressive à la fois. Je crois qu’on peut encore appeler ça du rock, ou du post punk, du lo-fi fun, je sais pas trop… Sinon, le dernier concert de l’Amour du Lointain pour cette année, ce sera H Grimace courant Mai, de l’indie-rock de londonienne bien troussé. Voilà pour les projets, reste à convaincre les promoteurs. Alors faites bien ma pub !