L’Espace des deux rives se situe à côté de la Vilaine, dans un quartier résidentiel, avec de jolies rues en travaux au béton abimé qui côtoient des bâtiments gris, neufs et imposants. Un univers donc un peu ghetto, avec la voix du commentateur du stade tout proche qui s’impose en bruit de fond (« et la passe à Jordan, 14 ans, très bon contrôle du ballon »). Hop, on félicite nous aussi Jordan et on file au 4 avenue Georges Palante, parce que le concept est tout de même très alléchant : 14h-2h donc 12h de mix et surtout un lieu plein de promesses, le parking souterrain.
Arrivée aux alentours de 16h. Devant la grande entrée où raisonnent déjà un beat house tranquille se pressent des jeunes gens, Heineken à la main, casquettes colorées et sweats imprimés, son techno dans les caisses ; une allure old-school semble être de mise pour se fondre dans l’ambiance. On tend notre main pour le tattoo « TXTR » et c’est parti pour la descente dans la caverne de Platon. Le premier élément remarquable est la disposition du lieu, car les 1200 mètres carré offerts sont divisés de manière à ce que notre passage débute par les stands de créateurs qui proposent toute sorte de fringues et accessoires originaux (nœuds pap’ swaggy, t-shirts imprimés à l’effigie de l’organisme…).
Ainsi l’organisation impose un aspect ludique en cherchant à mettre en valeur ses partenaires décalés. Nos yeux à présent rassurés par la lumière tamisée de l’espace, ce sont nos oreilles qui cherchent à rejoindre l’autre côté de la bâche, où l’assurance du mix stimule déjà un petit nombre de têtes. Chaque dj, les uns après les autres, sortent une éléctro très minimaliste, douce et sans grand danger donc sans grand impact, mais qui correspond avec justesse à la tournure lounge que prend le début de soirée. Après avoir observé la jolie scéno qui compose l’avant-scène (sculptures zébrées à la Lewis Caroll), un passage au chill s’impose entre les lourds piliers au fond du lieu, sur des canapés et matelas-palettes bienvenus.
Ici les précédents raveurs, avides d’une musique dont l’immédiateté agite les corps, sont comme des enfants, leurs grands yeux fixés sur trois artistes plasticiens. Les œuvres se construisent lentement sur les murs et produisent une douceur insouciante qui tranche avec le caractère abrupt de l’espace. On apprécie s’y arrêter, mais nos sens sont très vite rattrapés par un travail judicieux des lumières, un peu moins par le son qui ne cesse de plonger dans une deep house un peu sèche. La musique finalement se complaît dans un trop peu d’expérimentation, une « easy listening » d’où ne ressort pas une identité suffisamment puissante pour qu’on la retienne. La prise de risque est parfois nécessaire pour entrer en adéquation avec la force de caractère du lieu investi. Cela dit, les heures passent rapidement et nous confortent dans une ambiance légère et agréable. Peut-être faudra-t-il songer, pour une prochaine soirée, à faire des choix moins évidents, afin de sauvegarder cette joyeuse particularité d’une après-midi dansante et multidisciplinaire.
Organisme Texture
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Musique
Cami / Dusty Corners / The Polewska Brothers / H.Mess / Jarod Meyer / Charles Fenckler / Hermes
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