Les Oddmen ce sont cinq grands gaillards à l’allure tout droit sortie des sixties, traînant les pattes dans leurs bottines cirées, les cheveux en bataille et le cuir plein de fierté. Ces enfants terribles du rock de papa squattaient la scène de l’UBU à l’occasion de l’ESRA NIGHT le mercredi 7 mai, soirée organisée en partenariat avec l’ATM. On a donc pris l’initiative d’aller demander à ces inconditionnels de l’indé ce qu’ils pensaient de Rennes. Fraîchement débarqués, ils nous livrent un regard insouciant mais dont la perspicacité révèle une vraie maturité, à l’image de la musique qu’ils produisent.
Un petit historique du groupe ?
Nico : Ca fait 4 ans qu’on bosse ensemble, en fait notre premier concert était un tremplin à côté de Nantes, à la Barakason, on l’a gagné mais on a pas pu jouer à l’évènement, Nicolas était à Barcelone. On s’est rencontré au lycée, dans le centre de Nantes, c’était une époque sympa et depuis on a tous migré à Paris, mais on continue bien sûr à jouer ensemble, avec d’autres projets à côté puisqu’on ne vit pas de la musique.
Vous vous retrouvez à jouer à Rennes, petit détour par rapport au circuit Nantes-Paris, qui représentent déjà deux réseaux gigantesques en matière de rock indé. C’est comment Rennes ?
Léo : L’accueil à l’UBU était vraiment génial, et mine de rien cette ville a une importance considérable pour tous les groupes qui souhaitent percer dans la musique, parce qu’on y trouve peut-être le plus gros festival en matière de découvertes en musiques actuelles : Les Transmusicales. Il est nécessaire pour un groupe de ne pas se cantonner à la capitale, idem pour Nantes, même si la ville, notamment Stereolux nous a apporté un gros soutien, cette première date est vraiment une bonne chose.
Nico : En plus, le public est hyper cool ! C’est surtout cette proximité que les petites villes et petites scène installent qui est intéressante, quand les gens viennent te taper sur l’épaule quand tu sors des loges en te disant « mec c’était cool », ça fait du bien. A Paris, on viendra te voir pour te dire ce qui n’allait pas. Ici, les gens sont aussi exigeants mais ils ont bon goût ! (rires)
Plus généralement, Rennes aujourd’hui ça bouge plus que tout ce qu’on a pu voir. A Nantes avec toutes les interventions en matière de culture et tourisme, les bars ferment.
Paul : L’ambiance ici est beaucoup plus à la fête. Les rennais connaissent les nuits blanches, et ils s’en battent les couilles d’aller dans des bars de merde !
Nicolass : En fait les Arctic Monkeys ont très bien posé cette question, dans Old yellow bricks : « Who wants to sleep in the city that never wakes up ? », voilà pourquoi on bouge, et on vient aussi réveiller la ville !
Le son que vous produisez réveille, effectivement. C’est une musique très psyché mais pleine d’énergie, avec des influences seventies pour le rock progressif, d’autres plus sixties pour la pop et encore des accents garage. Quel esprit souhaitez-vous donner à ce savant mélange ? Il y a une once de nostalgie dans tout ça, une volonté de revival ?
Nicolass : On fait effectivement un truc rétro, mais il y a aussi de l’expérimentation basé sur de l’actuel, afin que l’ensemble soit aujourd’hui accessible, et écoutable par la même occasion ! Et puis il y a des influences des groupes des années 2000 qui s’y ajoutent, puisque notre génération nous a appris à jouer en écoutant les Strokes.
Nico : On se rend quand même compte que plus ça avance, plus on fait des trucs de vieux. En fait, chaque chanson construit un univers basé sur de l’ancien pour produire du nouveau. Mais Le Corbusier le dit, le caractère rétrospectif c’est bien car « Il faut prendre de l’élan pour sauter loin ».
Aujourd’hui c’est quoi du coup, être psyché en Bretagne ?
Nicolass : Je pense que c’est comme ailleurs, c’est davantage se concentrer sur l’ambiance créée que sur la performance. Pour notre première date en Bretagne, on voulait donner un truc « phasant » mais un peu classe et stylé, enfin toujours un peu plus classe que l’Elabo.
Paul : En fait tu te démarques assez vite parce qu’en Bretagne personne ne l’est. Un truc psyché en Bretagne, ça serait La Route du Rock.
Le réseau musical rennais a deux grandes orientations : Une scène rock, garage (dont vous faites désormais partie) et une scène électro-techno (vous parliez de l’Elaboratoire), pourquoi selon vous ?
Nico : C’est la même dynamique dans toutes les villes. En fait le rock c’est juste cool et la techno c’est comme la peste, ça se propage partout, mais on aime bien. Il en faut pour tous les gouts, mais t’as occulté de parler du biniou et de la bombarde ?
Clément : Cela dit, c’est dommage que ces deux mondes soient si divisés, que la techno soit considérée comme la musique de la fête et que le rock soit condamné à jouer avant minuit, mais la raison est surement qu’il est plus difficile de gérer ses riffs bourré.
Alors, c’est quoi votre coup de cœur à Rennes ?
Paul : La ville est vraiment belle, il est agréable de s’y promener, et puis on rencontre facilement des gens puisque c’est petit et il y a un vrai confort.
Clément : Je trouve que la rue de la soif est clairement surestimée, en fait c’est minuscule et ça pue (les autres approuvent).
Nico : l’Elabo c’est génial, un squat qui dure sans intervention de police, c’est dingue. Et puis t’es vraiment « free » là-bas, il n’y a pas ça à Nantes ou à Paris.
Nicolass : Le burger place Sainte Anne en lendemain de soirée, le Savoyard de chez Ethnic Food est une tuerie.