Depuis le 2 octobre, et jusqu’au 13 novembre, se tient l’exposition « Origines : portraits de famille » au Jardin Moderne. Rennes à coup de cœur vous conseille vivement d’aller examiner les œuvres d’Alexandre Cherkesly. Une exposition sous le signe de l’introspection, à tendance schizophrène et avec pour support les portraits photographiques de la famille de l’artiste.
Originaire du Finistère, Alexandre Cherlesky connait bien Rennes. Il a étudié 3 ans à Lisaa, en graphisme. Cependant, c’est la première fois qu’il y expose son travail. Et il est ravi : le Jardin Moderne lui a proposé d’exposer ses œuvres. Un lieu culturel et alternatif qu’il affectionne beaucoup d’autant qu’il est « cohérent avec mon travail », note Alexandre. Concernant cette exposition « Origines : portraits de famille », et bien… nous avons été bluffés. On ne peut être indifférents à la vue de ces œuvres situées entre brutalité, violence et intimité.
A la recherche des ses origines
Le travail d’Alexandre Cherkesly a pour origine et raison d’être son histoire personnelle. D’où l’utilisation des portraits de sa famille comme unique support. L’artiste y ajoute ensuite sa touche (plutôt son défoulement), à l’aide de feutres aux couleurs vives. Certains y verront un masque, d’autres la décomposition de la personne photographiée. L’effet, en tout cas est violent, voire morbide, pour les âmes les plus sensibles.
L’artiste s’approprie chacun de ces portraits, leur donnant un nouveau visage, une nouvelle personnalité. Et ce, en les privant de toute sensibilité. En effet, Alexandre Cherkesly, n’y va pas de main de morte en leur ôtant leur regard, masqué pour l’occasion de noir ou de blanc. Les milliers de traits que l’artiste dessine sur les visages des membres de sa famille peuvent faire penser à des petits vers qui ne cessent grouiller. Comme si ces portraits étaient finalement en pleine décomposition, alors que l’objectif initial d’un portrait photo est d’immortaliser un être sous son meilleur jour. Alexandre Cherkesly aurait-il tendance à désacraliser le portrait photo ? En tout cas, il révèle davantage au grand jour la part de monstruosité qui sommeille en chacun de ces portraits, plutôt que leur belle gueule ou joli minois.
Est-ce de l’acharnement ? Non, plutôt une manière d’extérioriser ses sentiments. Comme nous l’explique Alex Cherkesly : « Les photos de famille que j’ai utilisées m’ont permis de travailler sur mes origines et sur mon éducation. C’était un moyen pour moi d’exorciser des moments durs de mon enfance, difficiles à retranscrire par des mots ».
Un travail empreint de références
Parmi les artistes fétiches d’Alex Cherkesly, on peut citer le peintre allemand Gerhard Richter, dont le travail se situe entre photographie et peinture ; le peintre Francis Bacon pour son étude sur l’autoportrait ; les écorchés de l’anatomiste du 18e siècle, Honoré Fragonard ou encore l’artiste belge Elzo Durt. Mais l’inspiration d’Alex Cherkesly ne se limite pas aux peintres. « Certains écrivains m’inspirent aussi, comme Charles Bukowski, Raymond Carver, ou John Fante ». D’ailleurs l’artiste a réalisé un portrait de Bukowski pour le collectif Phenüm. « Leurs romans sont autobiographiques, et on peut dire que mon travail l’est aussi, dans un sens ».
Par ailleurs, Alex Cherkesly est toujours à la recherche de fidélité par rapport à ce qu’il souhaite retranscrire dans ses œuvres. Comme il nous l’explique : « J’essaie d’être le plus rapide dans le choix des couleurs que j’utilise et dans les traits que je dessine, afin de garder une part d’honnêteté dans mon travail ».
Et ça marche, au vu de la brutalité et de la violence, subtilement maîtrisées, qui se dégagent de ses œuvres. On vous conseille en tout cas d’aller vous faire un avis sur cette exposition qui ne manque pas de singularité, et qui vaut vraiment le coup d’œil.
Le vernissage se tient le mercredi 16 octobre, en même temps que la présentation de l’Expérience 2 « Muzicoboucle », dans le cadre du festival Maintenant. A noter dans votre agenda !