Originaires de Marseille et tous âgés de la vingtaine, les quatre membres de The Magnets ont fait l’audacieux pari de tout arrêter à la sortie du lycée pour se consacrer pleinement à leur passion, la musique. Un choix qui leur a plutôt bien réussi, à force de travail et de persévérance, car ils ont déjà à leur actif trois EP et une centaine de concerts, parmi lesquels de belles programmations comme les Francofolies de la Rochelle ou encore le Printemps de Bourges. Proposant une musique dans l’air du temps mais dotée d’une identité forte, ils jouent habilement des codes pop, rock et electro et des effets de contrastes pour offrir quelque chose d’à la fois puissant et subtil, mélodique et rythmique, grandiose et fragile. Portés par une symbiose de groupe frappante, une énergie communicative et une chanteuse charismatique qui n’hésite pas à s’aventurer vocalement, le projet prend toute son ampleur sur scène. De passage à Rennes pour une date au Bar’Hic et un featuring avec Is Tropical à l’UBU mercredi dernier, nous en avons profité pour leur poser quelques questions… Rencontre avec Guillaume (batteur), Marine (guitariste), Zenia (chanteuse/claviériste), Hugo (bassiste), et Nassim (ingé son du groupe).
-Bonjour à tous ! Pouvez-vous tout d’abord me parler un peu des origines du projet?
G : Alors en fait Marie et moi on s’est rencontré au collège, on faisait tout les deux de la musique, et un jour on s’est dit qu’on allait monter un groupe ensemble. Puis au lycée on a rencontré Zenia, on a joué à trois quelques temps, puis on a gagné un tremplin qui nous a permis de faire trois jours en studio. Du coup pour enregistrer il nous fallait un bassiste, et c’est là qu’Hugo est arrivé. Donc cette formation date de juin 2009 du fait de ce premier enregistrement studio.
-Quelle était la volonté artistique des débuts ?
The Magnets : Au départ on faisait vraiment du rock, sans synthé, quelque chose d’assez classique finalement, plus ou moins par là où tout le monde commence. Il n’y avait pas de véritable intention artistique, on aimait juste jouer ensemble, on avait déjà de l’ambition mais on y allait au feeling. On n’avait pas de projet précis, on savait juste qu’on voulait qu’il aboutisse.
Crédit photo : Michel Silvano
-Vous composez vos morceaux à quatre ?
TM : Oui, chacun apporte des idées puis on compose tout ensemble en groupe. On privilégie l’interaction, la synergie. Après on part souvent des parties mélodiques, ou alors d’un bœuf.
-Et Zenia c’est toi qui écris tous les textes du groupe ?
Z : Ben c’est-à-dire que j’écris tous les textes que je chante, je ne suis pas « la parolière du groupe », ça reste ouvert, si quelqu’un veut arriver avec un chœur et son texte, c’est tout à fait possible.
-Comment définiriez-vous votre style ?
TM : Notre style est essentiellement basé sur 3 grandes composantes : pop , rock, et electro, après on mélange un peu de plein de choses, certaines chansons vont aller plus dans tel ou tel sens suivant les cas.
Z : C’est juste que tu prends un peu de chaque couleur, mais tu ne te résumes pas à une seule couleur, t’es pas le bleu Klein quoi… (rires)
Crédit photo : Michel Silvano
-Combien d’EP avez-vous sorti jusqu’ici ?
G : Un premier single de 2 titres « Out of our minds », puis un 5 titres, « Puzzle », puis là notre dernier EP « In Between » en mars 2013 qu’on a enregistré au studio Vega et au studio Pepinière. C’est celui qu’on défend sur cette tournée.
Z : Ce dernier EP, déjà nous-mêmes on s’est beaucoup plus attardés dessus, mais ce qui a aussi vraiment fait la différence je trouve, c’est qu’on a bossé avec un ingé qui voulait vraiment s’imprégner de notre univers, comprendre notre démarche artistique, qui n’était pas simplement là pour appuyer sur start/stop.
-Avez-vous déjà sorti des clips ?
G : Non, pas à proprement parler, mais on a sorti un clip d’animation sur notre titre « Observer », un hommage à Wallace et Gromit.
-Où avez-vous déjà tourné ?
H : En France, Belgique, Angleterre, Italie…
G : Et là on va en Espagne pour la 1ère fois… Là sur cette tournée c’est France, Espagne et Angleterre.
Z : Avec une date à Bruxelles aussi.
Crédit photo : Michel Silvano
-Et parmi toutes ces dates, quels sont vos meilleurs souvenirs de live ?
G : On a fait deux festivals cet été en Italie, et moi c’est mon meilleur souvenir de tournée… des gens, de belles scènes, du beau temps… festival quoi ! C’était vraiment bien !
H : Moi je pourrais peut-être dire le Poste à Galène à Marseille où on avait fait notre release party d’EP, on était impressionné parce que c’était quasi complet, 200 ou 300 personnes…
TM : On a été très agréablement surpris, c’était plein et les gens étaient clairement là pour nous, on était en train de s’installer qu’ils criaient déjà, on avait jamais eu un public comme ça…
-Y a-t-il des groupes qui vous influencent ou vous inspirent particulièrement?
G : ça va vraiment dépendre de chacun d’entre nous…
H : On n’a pas vraiment d’influence commune pour la composition…Chacun aime bien des groupes différents, des fois on se retrouve sur des groupes mais on se dit pas comme certains groupes « tiens on va faire comme eux ! », on s’empêche vraiment de copier tel ou tel groupe, c’est pas du tout notre démarche.
M : En fait il y a plein de groupes qu’on aime bien mais c’est juste qu’on n’a pas de groupe phare.
-Quelques noms sur lesquels vous vous retrouvez?
G : On aime bien plus ou moins tous Archive, Radiohead, Metric… Foals moi j’aime beaucoup, notamment le dernier album, après Marine je crois un peu moins… ?
M : Ouais, je trouve ça… J’aime pas trop le math-rock en fait, enfin j’aime pas trop… Foals, ouais, c’est vraiment… je sais pas, toutes ces petites guitares là tout le temps… ça me soule, j’ai l’impression que tout le monde fait ça aujourd’hui, genre, t’as envie de réussir, t’es un jeune groupe, ben tu fais du math-rock…
H : T’as deux guitaristes, les deux ils font des petits thèmes…
G : C’est vrai que c’est récurrent… n’empêche que moi j’aime beaucoup le dernier album…
M : Je trouve ça un peu barbant, mais ça ne m’empêche pas d’aimer, mais à petite dose quoi.
H : Après moi sinon je dirais toute la discographie de Kraftwerk.
M : Moi j’aime bien aussi…
Crédit photo : Michel Silvano
-Qu’est-ce que vous recherchez dans l’écriture de vos morceaux ?
TM : On est attachés à une certaine énergie, puis à quelque chose de contrasté. Après ça dépend vraiment des morceaux, on essaie pour chacun de creuser un univers, une ambiance spécifique.
-Des innovations en cours ou à venir en termes d’organisation scénique, logistique ?
G : On a un nouveau plan de scène en arc de cercle, et sinon Marine va se mettre à faire des chœurs. Puis au niveau de l’équipe on espère pouvoir intégrer petit à petit de plus en plus de gens…
M : Ben déjà on a trouvé Nassim ! Il nous aide pour un peu tout…
G : Sur le son et l’organisation des tournées surtout.
N : A la base je suis là pour faire le son, mais je les aide aussi parfois pour monter le plateau, m’occuper du merchandising, des contacts pro…
H : Nassim a beaucoup allégé le travail de Zenia notamment en gérant tous les effets de voix depuis la console, de façon à ce qu’elle n’ai plus à s’en occuper sur scène.
G : C’est vrai qu’on s’éparpille vraiment moins maintenant, depuis cette tournée on a tout allégé, on a un nouveau plan de scène, un nouveau set…
H : C’est la tournée de la maturité ! (rires)
Crédit photo : Michel Silvano
-Quels adjectifs utiliseriez-vous pour vous décrire ?
G : Contrastés…
H : Moi je dirais perfectionnistes… en tout cas pour les compos, on va vraiment les travailler jusqu’au bout, privilégier la qualité à la quantité. Après sur scène il y a plus de place pour l’improvisation…
M : Un petit peu quoi, vu qu’on n’a pas de machine on peut plus facilement s’adapter.
G : Sur scène on peut être un peu freestyle mais dans la composition on est très perfectionnistes.
G : Hétérogènes aussi, on est vraiment quatre entités différentes…
M : Et c’est le groupe qui nous rassemble.
G : Ambitieux aussi…
M : Je pense qu’on est organisés aussi, assidus, travailleurs… genre tout doit être bien rangés etc…
N : Un peu maniaques je pense ! (rires)
G : Rationnels en tournée, mais pas dans l’artistique, on se laisse aller au niveau de la compo et c’est une fois qu’on s’est défoulés qu’on se met à construire.
-Est-ce que vous êtes attachés à essayer de créer des structures de morceaux originales ?
G : On essaye mais c’est pas facile…
M : Je pense qu’en essayant de faire autre chose au final on fait toujours la même chose, mais différemment, on retombe souvent dans les mêmes schémas malgré nous en pensant essayer de faire quelque chose de nouveau, et on a du mal à sortir de nos schémas, c’est difficile.
H : Sans parler de refrains, on retombe souvent dans ce contraste calme/fort/calme/fort… Mais là quand on travaille sur les nouvelles compos on essaye de ne plus parler de couplet/refrain, et juste de parler de partie A, partie B, pour pas s’enfermer. Si tu mets un nom directement sur quelque chose tu vas le définir alors qu’on ne veut pas justement… Souvent d’ailleurs on n’a pas des refrains hypers marquants, qui ressortent clairement comme dans les logiques radiophoniques.
-Et sinon finalement, pourquoi « The Magnets » ?
H : A la base ça venait vraiment du fait qu’on était tous différents mais qu’on se rejoignait à travers le groupe, ça s’apparentait à un jeu d’aimants. Comme disait Guillaume si on avait chacun des projets persos ils seraient peut-être complètement opposés, mais en même temps à l’intérieur du groupe on est tous attiré par le même point, il y a quelque chose d’un peu magnétique là-dedans…
G : On se retrouvait bien dans ce côté force aimantée…
Z : Et en français ça fait « les aimants », « celui qui aime » ! (rires)
-Mot de la fin ?
TM : Et bien merci beaucoup, et à très bientôt sur Rennes on l’espère !
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