« Complet » affiche dès le milieu de journée la porte d’entrée de l’UBU. Les retardataires cherchent désespérément des places à récupérer par ci par là, mais les heureux possesseurs se gardent bien de se séparer de leur précieux billet. En effet, l’affiche est alléchante avec deux noms d’artistes déjà programmés à Rennes lors des dernières Transmusicales ; Phoebe Jean and The Air Force, une jeune Américaine originaire de Baltimore qui évolue dans un univers hip-hop/electro, et les Skip and Die, qui se sont notamment beaucoup inspirés de leurs voyages en Afrique du Sud pour composer leur musique percussive et métissée.
La soirée commence doucement avec l’entrée en scène de la charismatique Phoebe Jean et de l’unique batteur qui l’accompagne. Les beats hip-hop et les sonorités électroniques mêlés à la voix envoûtante de la chanteuse androgyne installent peu à peu une ambiance feutrée et planante. Le public, qui semble en grande partie composé de néophytes, se laisse agréablement porter. Authentique et émouvante, Pheobe Jean assure le show avec énergie et sincérité. Le batteur, affublé de lunettes noires et d’un tee-shirt Bruce Lee, maintient parfaitement la rythmique derrière, stoïque, implacable, un sourire énigmatique au coin des lèvres. Sur certains morceaux Phoebe Jean attrape une guitare électrique et nous offre quelques minutes plus rock’n’roll et mouvementées. Des acclamations se lèvent à l’annonce du single « Day is Gone » et la foule commence à se mouvoir avec plus d’insistance au rythme du titre dansant et entêtant. Malgré un public relativement calme durant la prestation, l’attention de la salle est bien palpable et les applaudissements fournis à la fin du set viennent conforter l’impression d’une performance réussie.
Après une interlude de Dj Haze, c’est au tour de la très attendue tête d’affiche Skip and Die de monter sur scène, découverte pour beaucoup de rennais lors des dernières Transmusicales. La salle est archi comble et le plateau d’une complexité hors du commun laisse pressentir une performance détonante et atypique. Éléments de batterie, percussions en tous genres, guitares, pads électroniques, instruments du monde venus d’ici et d’ailleurs… le public trépigne d’impatience et pressent qu’on va le faire voyager loin, très loin. A peine le premier titre entamé que le public est déjà à 200% dedans. Cata Pirata met le feu dès son entrée sur scène avec une tenue des plus inattendue dont elle enlèvera les couches au fur et à mesure de la soirée pour finalement finir en haut de maillot de bain à froufrous rouge. Veste old-school à têtes de tigres, pantalon a fleurs et lunettes vertes pailletées en forme de palmiers sur le visage, elle danse en tout sens avec sensualité, à la fois mystique et envoûtante.
L’univers déployé est d’une originalité remarquable, on y retrouve un savoureux métissage de musiques du monde, indiennes, africaines, des influences plus tribales, hip-hop ou reggae, et même de la dubstep. Le cocktail est explosif et le public entre peu à peu en transe. L’entremêlement des rythmiques est d’une efficacité redoutable et fait se mouvoir toute la salle comme une seule énorme vague humaine. Le show est grandiose, les musiciens sont d’une énergie débordante et particulièrement communicative et la chanteuse assure son rôle de frontwoman avec une aisance et un charisme indéniable. Les superlatifs manquent pour décrire la magie de ce live. Vers la fin du set Cata Pirata descend dans la fosse en haut de maillot de bain chanter au milieu d’un public en délire.
Emporté par une salle au comble de l’euphorie, Jean-Louis Brossard s’offre le luxe de venir danser sur scène aux côtés de la chanteuse pendant tout un titre tandis que le public rennais clame son nom en cœur. Apothéose de sa prestation, il fini par s’élancer dans la foule pour un incroyable slam à travers toute la salle ! Le public peine à laisser partir les Skip and Die et après un long rappel le beau voyage prend fin laissant le public ressortir de l’UBU enthousiaste et le sourire aux lèvres. Une soirée des plus réussies d’après l’avis unanime des participants et organisateurs.
On remercie l’ATM et l’UBU pour cette belle programmation et on espère vivement que les deux artistes ne laisseront pas trop d’eau couler sous les ponts avant de revenir faire vibrer les parois des salles rennaises !