Mexican Print. Chloé Aublet 23 ans présentait une partie de son projet « KANIWA las bufandas d’Acatlán » à l’Espace M, à l’Université de Rennes 2. Un idée née lors d’un voyage d’un an au Mexique à la découverte du pays. Après un parcours en BTS design de mode à l’école Duperré, un passage en licence à Budapest, Chloé est de retour à la fac d’arts plastiques pour « jouer entre le vêtement et l’art ».
A Xalapa, capitale de l’Etat de Veracruz (Mexique) dans le petit village de Acatlan, des femmes tissent à la main suivant une technique ancestrale. Les tisseuses ont entrent 70 et 80 ans et ont bien conscience que leur technique risque de disparaître en même temps qu’elles. « Quand j’ai découvert leur travail dans un petit village perdu dans la montagne, j’ai eu envie de présenter au public ces écharpes et châles artisanaux afin de revaloriser cette tradition ». Chloé achète huit écharpes, contacte des artistes locaux et leur propose de se réapproprier ces pièces en leur donnant le format et le support. Cinq des écharpes étaient présentes à l’Espace M.
Tour d’horizon avec Chloé sur le travail des artistes.
Marie Sol Payro. Une artiste qui travaille avec du papier, principalement en grand format. Elle ne souhaitait pas abîmer l’écharpe ni y laisser une empreinte. Pour elle, l’écharpe était déjà une oeuvre d’art et elle n’osait pas intervenir, finalement elle a choisi des morceaux de papiers apposés, ce qui donne une écharpe en relief.
Inari Reséndiz. Elle collabore normalement avec Daniela Rivero, mais elles ont fait une écharpe chacune. Inari a utilisé une technique industrielle, le flocking (sérigraphie avec une sorte de poudre), ce qui donne un toucher très doux qui tranche avec l’écharpe en laine un peu crue, qui pique…
Jimena Ramos. L’artiste travaille l’aquarelle sur papier mais n’a pas pu utiliser cette technique sur l’écharpe et a donc opté pour de la gravure sur bois à l’encre, avec un motif répété plusieurs fois.
Sebastian Fund. Artiste qui fait de la gravures sur chaussures. Il applique de l’encre sur des chaussures qu’il passe ensuite sous presse. Ce sont des vraies chaussures, quatre très précisément.
Rodrigo Gonzalez. Il utilise de la gravure avec des plaques de lino, ce ressemble à la gravure sur bois mais c’est un matériau plus souple. L’écharpe présente l’ambivalence entre le Mexique hispanique et son côté moderne, une autre idée du Mexique, folklore et colorée.
Mexique – Rennes – Paris ? Une première expo s’est tenue en juillet au Mexique et Chloé rêve d’un lieu parisien « Je vais contacter l’Institut du Mexique car j’avais promis aux artistes que je les amènerai à Paris, tout du moins leurs écharpes ! Je vais également déposer une demande de subvention au CRIJ car j’aimerais faire une expo à Rennes mais dans un lieu plus approprié ». Deux documentaires accompagnent le projet signés d’un réalisateur Mexicain, ami de Chloé, un sur les tisseuses et un autre sur les artistes. Un site Internet va bientôt suivre, fruit d’une rencontre avec un ami américain au Guatemala. « L’idée c’est que l’on devienne un grand collectif, que le projet soit évolutif ».
Écharpes cherchent propriétaires. Elles sont toutes en vente car Chloé qui a défrayé les artistes pour leur travail, souhaiterait les rémunérer. Un projet de scénographie est en route, afin de mettre en valeur les œuvres. Le projet « KANIWA las bufandas d’Acatlán » pourrait également devenir un catalogue, petit livre d’exposition. De beaux projets dans les cartons…Et pourquoi pas, continuer avec un autre pays ou un autre artisanat.