En avril dernier, c’est à l’ Antipode qu’on a eu le plaisir de casser la croute avec CHEVEU et YROYTO ! Pas vraiment pour le plaisir des papilles en fait, mais surtout afin d’en découvrir un peu plus sur le projet « Where do you from come ? » qui sera présenté le 12 octobre lors du festival Electroni[K].
Where do you come from ? est une expérience scénique à part entière, l’ « évocation de la trajectoire d’un éxil », un voyage audio-visuel lo-fi fantastique… Sous cette définition plutot mystérieuse qui a tout pour nous mettre l’eau à la bouche se dévoile la rencontre entre des artistes qui eux aussi affichent une note « à part-entière » à leurs travaux. D’un côté le groupe CHEVEU (Born bad Records) qui envoie son rock garage avec une énergie qui ne peut que nous décoller de notre siège. A la fois punk et accompagné d’une certaine touche d’humour, le trio explore encore et encore différentes manières d’exploiter ses talents de création, un « work in progress » qui dès leur entrée sur scène prend tout son sens. Pour accompagner ces messieurs, quoi de mieux qu’un univers hyper-structuré et minimal ?! C’est celui du plasticien contemporain YROYTO (Elie Blanchard). Son « univers hyper-structuré et minimal » se définit comme tel de par l’utilisation de matériaux simples et tangibles tels que le papier, le verre, les moteurs, la lumière pour les fondre avec poésie à des éléments plus high-tech. Un subtil mélange qui donne vie à une expérience déconcertante brouillant nos repères habituels pour laisser place à l’émotion.
Where do you from come ? est un voyage audiovisuel lo-fi fantastique sur le thème de l’immigration. C’est le spectacle qui a été spécialement commandé par la Cité de l’histoire de l’immigration pour la Fête de la Musique. « Ce spectacle s’articule autour de la thématique d’un voyage. On a du faire face à certaines contraintes car il a fallu exploiter un corpus d’archives de St Ouen de plus de 5 000 images ! Mais c’était la condition pour créer un parcours entre ces différents tableaux. Il y a un grand travail sur l’esthétique, à partir des images récoltées, on tourne le film en amont avec des plans photocopiés, recoloriés puis rescannés image par image. On fabrique un parcours. » (Yroyto)
Entre des nuits passées dehors, puis l’arrivée dans les marges d’une ville, elle-même traversée par plusieurs vagues d’immigration successives… Une errance qui prend la forme d’une expérience physique et émotionnelle « c’est un vrai travail de conceptualisation, du cinéma expérimental en direct. »
Dégagé de tout système narratif, la musique de Cheveu, évocatrice et puissante, percute le travail scénographique et artistique d’Yroyto. Une partie de leur dernier album 1 000 (Born Bad Records) sera utilisé pour le spectacle. « On a notre répertoire et cinq nouveaux titres spécialement écrits pour ce projet« . Une grande place sera laissée à l’improvisation pour créer un spectacle inédit à chaque prestation, pour offrir un nouveau voyage, de nouvelles traversées aux spectateurs. Deux univers bien différents s’entrechoquent « Elie a dû s’adapter à nos morceaux, comme nous avons dû nous adapter à son travail… On se réunit pour faire nos choix, nos façons de travailler sont très différentes ce qui a le mérite de rendre ce projet encore plus intéressant ! Le travail d’Elie est très « clean », alors que nous on est un peu brouillon. Chacun fait un pas vers l’autre. Le débat s’est posé de savoir si on souhaitait partir dans un style plus électronique, mais on a du mal à se priver de liberté ! On veut faire quelque chose de vivant en se laissant une marge d’erreur. » (Cheveu)
Chaque représentation de Where Do You From Come est une variation de ce récit-parcours, le processus de fabrication est centré sur l’improvisation et compose avec l’accident, le hasard. Il permet d’aborder l’exil comme une expérience individuelle et collective sans cesse recomposée.
Un voyage à ne pas manquer, le 12 octobre à l’Antipode avec Electroni[K] !!!
Biensur, nous n’allions pas quitter ce repas sans demander les coups de coeur des initiateurs de cette excursion fantastique…
« Nos coups de coeur rennais ? L’Antipode, l’Ubu, le Mondo Bizarro, les Transmusicales et l’ancien 1929 ! (Eh oui, il n’y en a pas qu’un seul…) »