Festival Mythos « Bangs »

Le spectacle « Bangs », on ne peut pas le qualifier autrement, c’est « sexe, drugs and rock’n’roll ». Mise en scène par la compagnie Public Aléa, cette dernière nous propose un portrait déroutant, comique voire pathétique de Lester Bangs, célèbre critique américain de la musique Rock. Première représentation aujourd’hui au théâtre du Vieux Saint Etienne dans le cadre du festival Mythos, Rennes à coup de cœur a été le voir. Critique et résumé.

Déroutant, « trash », drôle, le début du spectacle annonce la couleur. De la musique forte, du « j’en ai rien à foutre », des hommes qui veulent impressionner les femmes et du sexe. Pendant cinq minutes, la (seule) comédienne, Eméline Frémont, déblatère sur les préliminaires. C’est en réalité un extrait de la biographie de Lydia Lunch, poétesse et chanteuse américaine. Description précise et détails croustillants, tout y passe, avec une pointe d’humour, bien entendu.

Tout au long du spectacle, cette thématique du sexe ou de l’adultère est omniprésente. « Il y a beaucoup de sexe, de drogue et de musique, évidemment. C’est ce qui caractérise (Lester) Bangs », explique Benjamin Guyot, metteur en scène et acteur de cette pièce, dans l’émission 90B de la radio Canal B.

Hommage à Lester Bangs
Ce spectacle « Bangs » rend un hommage à ce critique bien connu du milieu Rock qu’il a profondément marqué pour sa vision de faire le journalisme. Créateur du « journalisme gonzo », implication extrême du journaliste dans les sujets qu’il traite de manière totalement subjective, pour Benjamin, Lester Bangs a une vie profondément rock’n’roll.

Du Rock, il y en a aussi sur scène. Les trois comédiens, Benjamin Guyot, Eméline Frémont et Eric Antoine, ont tous suivi un cursus artistique, musical ou théâtral. C’est avec surprise et satisfaction que le public découvre des chansons des Velvet, de Bowie ou d’Iggy Pop, jouées sur scène. On en serait presque à chantonner l’air dans la salle.

Ambiance rock’n’roll
Et ces chansons ne sont pas des prétextes pour dire que Benjamin se débrouille à la guitare et Eméline au chant mais servent d’illustrations à la pièce en elle-même. Oui, oui, le public rencontre, pendant une heure et demi, des personnages tels qu’Iggy Pop et Lou Reed, joués par Eric et Eméline, qui ont marqué la vie de Bangs, joué par Benjamin. Iggy Pop n’est rien qu’une « noirceur pré- pubère banlieusarde » et c’est cela qu’intéresse le critique musical. « Les Stars du Rock ont tendance à se couvrir de ridicule ». « L’industrie du Rock est prétentieuse » et cela, Iggy l’a bien compris. « (The) Stooges défie son public », commente Bangs (enfin, Benjamin Guyot, vous l’avez compris). Pour le démontrer, Iggy Pop, ou plutôt Eric Antoine en Iggy, va dans le public, s’étale de tout son long dans les rangs et beugle.

On rencontre aussi Nico, chanteuse allemande, ou Lou Reed. Tous finissent par être haï de Lester Bangs. « Une idole est faite pour être bousillée ensuite, comme tout le reste ». Reed n’est qu’une « caricature de Tennessee Williams », cinéaste américain, cité ici pour son homosexualité revendiquée. Son album Metal Machine Music n’est que du bruit, des sifflements d’après Bangs. « N’importe quel crétin aurait pu faire ce disque » déclame-t-il.

Connu pour ses critiques musicales sur le Rock, Lester Bangs a aussi été un grand amateur de Punk. La mélodie de God Save The Queen en fond, des Sex Pistols, est très bien vue. Et lorsque Bangs questionne « Qu’est-ce que sont les racines du Punk ? » Deux punks arrivent en s’arrachant le micro pour se disputer, par ce biais. « Les Racines du Punk, c’est se branler sur du Wonder Woman ! ».

Spectacle à voir
Quoi de mieux que la phrase « La première bourde de l’art, c’est de partir du principe qu’il est sérieux », prononcée par Lester Bangs, pour illustrer ce spectacle ? Rien d’autre. Si ce spectacle met en scène une personne, des tranches de vie, il est aussi profondément comique. Pas sérieux. Les danses, les baffes, les bagarres, on en rigole. Les représentations « non fidèles » assure Benjamin Guyot, des chanteurs et chanteuses célèbres, on en rigole.

La compagnie de théâtre Public Aléa nous a permis de découvrir un grand personnage de l’Histoire du Rock. « Sans doute ne suis-je pas un véritable artiste, quoi que ça puisse être, et je ne veux pas en être un. Sans doute ne produirai-je jamais de chef d’œuvre, et alors ? » écrit Lester Bangs dans Drug Punk, roman inachevé dont sont extraits la majeure partie des textes qui ont crée ce spectacle. Pas un véritable artiste ou pas de chef d’œuvre, en tout cas, même si le spectacle Bangs est déroutant au premier abord, il est très intéressant quand on se penche sur les personnages et les multitudes de références dont il est truffé.

Autres séances :
– Samedi 7, au Théâtre du Vieux Saint Etienne, 17 heures.
– Dimanche 8, au Théâtre du Vieux Saint Etienne, 17 heures.
8 / 5 / 5 €

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Author: rennesacoupdecoeur

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