« Découverte, jeunesse et féminité », tels ont été les thèmes proclamés par Yann Martin, directeur artistique lors de la soirée d’ouverture de la 3e édition du festival Jazz à l’Etage, vendredi 2 mars au soir. Et pour cause, une fois plongée dans le noir, la salle de l’Etage, teintée d’une lumière tamisée digne d’un club de jazz, a accueilli trois groupes de jeunes artistes en pleine ascension sur la scène internationale. On n’a pas été déçu !
C’est Shimrit Shoshan, pianiste new-yorkaise, de 24 ans, qui ouvre alors le festival en beauté. Après avoir retiré ses escarpins, ajusté sa robe noire et rehaussé son siège, la protégée d’Avishan Cohen, parrain de l’édition 2012 de l’évènement, entame sa première composition. A peine les premières notes jouées, la jeune pianiste nous emmène bien loin de notre capitale bretonne.
En plus de ses touches d’humour, son grand sourire et une grâce certaine, sa virtuosité nous a bluffé : Shimrit sait où elle va. D’un jeu fluide mais ferme, elle se risque à mêler influences orientales et juives à une trame très jazzy en passant par des moments d’improvisation et des standards particulièrement maitrisés…et ça marche! Malgré une mélodie très riche, le thème de chaque morceau ressort sans aucune difficulté. Touchante, on l’entend même fredonner le thème de certains morceaux, à l’image des Grands du jazz. Un rappel du public conclut sa prestation en beauté puisque c’est avec un morceau appelé Sulamith qu’elle rend hommage à sa maman. Pour son premier concert en France voire en Europe, cette jeune pianiste a charmé le public et nous avec !
C’est alors sur Anne Paceo, la révélation des Victoires du Jazz 2011, que les projecteurs se braquent. Formé par Stéphane Kerecki, à la contrebasse et de Antoine-Tri Hoagh au saxophone, le trio « composé exprès pour le festival» explore, grâce à leur propres compositions, différents styles de jazz. Que ce soit un jazz classique ou plus élaboré, la jeune batteuse s’adapte à tout. Son jeu est puissant tout en restant subtil. Bien qu’elle soit considérée comme le leader du groupe, Anne Paceo reste toujours à l’écoute de ses partenaires et au « service de la musique », comme elle dit. Pour preuve, au fil des morceaux, chacun des trois styles de ces jeunes jazzmen est mis en avant. D’un côté, Stéphane Kerecki laisse s’échapper un son rond et majestueux de sa contrebasse, contrebalancé de l’autre côté par les sonorités originales et recherchées de Antonine-Tri Hoahg, que ce soit pendant leur solo respectif ou ensemble.
On avait déjà été impressionné par le dernier groupe de la soirée durant leur balance de l’après midi. Leur prestation le soir n’a fait que renforcer ce sentiment ! Grâce à un cocktail audacieux et détonnant, fin mélange entre rythmique de rock, electro voire même hip-hop et le côté atmosphérique de la saxophoniste allemande, Nicole Johänntgen –alias Nicole Jo- accompagnée par le groupe Remi Panossian Trio, (composé de Maxime Delporte à la contrebasse et de Frédéric Petitprez à la batterie), a réussit à faire esquisser au public des mouvements de tête et de pieds–ce qui n’était pas chose aisée vu la configuration de la salle, des places assises seulement -. Et pour preuve, lorsque Remi Panossian, pianiste du groupe Remi Panossian trio monte sur scène, ce n’est pas sur les touches que ses mains glissent, mais sur les cordes du piano à queue, frappées ou tirées, mêlant rythme et mélodie. La complicité dégagée par ce quatuor permet une énergie débordante et communicative. Chaque composition est un bouquet de sonorités, de rythmes divers et variés : des accélérations, des marches harmoniques … Ce qui n’empêche jamais ce groupe rôdé d’être parfaitement calé lors de la reprise des thèmes.
Bref, notre coup de cœur de la soirée ! Après avoir salué le public pour la énième fois, et sous un tonnerre d’applaudissements, la saxophoniste lance un dernier « Rennes !! La Bretagne !!! » ; le groupe se serre dans les bras et quitte la scène, nous laissant heureux et plein d’images dans la tête ! L’objectif de la soirée a été atteint : de belles découvertes, des styles totalement différents, un jazz déployé sous toutes ses formes !